HISTOIRE DE L'INSTITUTION SAINT-JACQUES HAZEBROUCK ENTRE 1893 et 1993 
d'après le livre de Roger Renou:"Une histoire centenaire"
années 1962-1971
-l'abbé Gombert-9° supérieur- l'abbé Coquant-10° supérieur 
page photo 1962-1971
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M. L’ABBE GOMBERT NEUVIÈME SUPÉRIEUR 1962 -1968

gombert.jpg (53003 octets)M. l’Abbé Gombert fut désigné par Monseigneur Liénart, Cardinal Evêque de Lille, pour succéder à l’Abbé Deswarte.
Né le 25 février 1925 à Calais. Ordonné le 29 juin 1951
. Professeur à Saint Jude en 1951.Supérieur de l’Institution Saint-Jacques en 1962.Directeur adjoint de l’Institution Saint Jude en 1968. Curé de la paroisse Saint-Willibrod à Gravelines en 1993.. 
Ses funérailles ont été célébrées lundi 24 Mars 2003, à 15 h 30, à l’église Saint-Willibrod à Gravelines.

1962: photo de Saint-Jacques avant la construction du nouveau batiment

L’INSTITUTION SAINT JACQUES DE 1962 A 1968

1962: construction du nouveau batiment
1964-aerienne.jpg (62628 octets)
La première démarche importante entreprise par M. l’Abbé Gombert nouveau Supérieur de l’Institution fut le démarrage des travaux concernant la construction de six nouvelles classes et d'une grande étude dans le prolongement de l’aile gauche. Cette construction avait été projetée par l’association Ecole et Famille de l’Institution Saint Jacques, locataire-gestionnaire des lieux. Car les statistiques du moment prévoyaient une importante augmentation des effectifs.

LE PETIT SÉMINAIRE SAINT FRANCOIS D’ASSISE ENTRE DANS L’HISTOIRE:LE GRAND DÉBAT DE LA MIXITÉ

Le 9 février 1965, la presse annonce : « Le petit Séminaire St-François d’Assise entre dans l’histoire en devenant le premier établissement mixte du genre en France. Il abritera désormais toutes les classes du second cycle de Sainte-Jeanne d’Arc et de Saint-Jacques. ».

Cette annonce fit l’effet d’une bombe ; toute la presse en parla, mais finalement notre jeunesse qui en fut le premier acteur ne s’en émut pas.

Cette rentrée nouvelle formule fut prévue pour septembre 1966, mais déjà les enquêtes allèrent bon train en attendant le jour "J" et toute la presse s’en mêla, même la presse internationale ; et quand le grand jour arriva, on put lire dans un grand quotidien national :
En titre :
"
ON N’AVAIT JAMAIS VU CELA ! DES SÉMINARISTES EN CLASSE AVEC DES JEUNES FILLES"

Et le rédacteur de l’article de poursuivre : "Avec la tranquille assurance que donne la loi du nombre, 140 jeunes filles de l’Institution Sainte-Jeanne d’Arc d’Hazebrouck ont investi le Petit Séminaire de cette même ville où les attendaient 59 séminaristes ! Le premier contact fut assez froid. Les blondes jeunes filles, malgré les injonctions de leurs professeurs religieuses, s’étaient refusées à abandonner la jupe au-dessus du genou pour se donner le plaisir de faire rougir les séminaristes".
Mais les pensionnaires du Petit Séminaire ne se sont pas émus du tout.

Au fait, de quoi s’agissait-il ? Il y avait trois Institutions privées secondaires à Hazebrouck : le Petit Séminaire, Saint-Jacques et Sainte-Jeanne d’Arc. Il y avait bien longtemps que l’on s’était rendu compte, dans les bureaux directoriaux de ces diverses institutions, que le nombre de professeurs était insuffisant, surtout à partir de la 3è. On a donc choisi la solution qui paraissait la plus efficace : celle qui consistait à donner des cours communs aux élèves des trois établissements. Le problème des professeurs était ainsi résolu. Dans le principe, c’était la solution idéale. Mais des questions importantes restaient posées :

La première : ne prenait-on pas de gros risques en mêlant les séminaristes et les jeunes filles qui, comme chacun sait, ont, entre 14 et 18 ans, l’esprit beaucoup plus espiègle que les garçons ? Le pourcentage des jeunes gens aux vocations précoces qui, à la sortie du séminaire, revêtaient la soutane ou le costume de clergyman, n’était déjà pas très élevé : il se situait entre 10 et 30 pour cent.

La seconde : restaient les parents. Si les prêtres étaient traditionalistes, eux ne l'étaient pas moins : chez eux, les filles n'allaient pas en classe avec les garçons, surtout pas avec les séminaristes. On y était croyant et pratiquant à 90 pour cent. A ces gens-là il fallait parler clairement. Le débat fut long. On fit valoir que l’éducation du clergé évoluait, et que déjà au grand Séminaire les candidats à la prêtrise n’apprenaient plus le latin ni le grec, mais la technique, la façon de se servir d’une machine-outil et la manière de démonter un moteur. Finalement les parents d’élèves se laissèrent convaincre et se prononcèrent « pour » à l’unanimité.

Voilà comment à Hazebrouck et dans sa région qui figurait pourtant parmi les plus traditionalistes de France, on a réussi à cette époque une révolution unique en son genre dans notre pays.

Les moins surpris furent les séminaristes eux-mêmes. Ils se plaisaient à dire : "on en a vu d’autres, les filles n’ont pas à nous considérer comme des bêtes curieuses, ce ne sont pas les premières que nous voyons, et nous sommes persuadés que d’ici quelques semaines elles seront nos meilleurs copains". Finalement l’on pouvait croire que nos séminaristes étaient, plus que tous les élèves des autres Institutions religieuses, sensibilisés aux indications données par le concile Vatican II. Ils voulaient connaître le monde. « Rien de ce qui concerne la vie du XXè siècle ne doit nous être étranger » disaient-ils.

Les filles dans leur majorité étaient plus sectaires et portaient plutôt un jugement plus mesquin. "Une rentrée pas comme les autres, plus amusante" disaient-elles. "Nous savions, depuis l’année dernière, que les cours mixtes seraient donnés au Petit Séminaire. On nous avait dit, comme si l’on voulait nous rassurer, que les filles seraient d’un côté et les garçons de l’autre en salle de cours et que les professeurs nous surveilleraient constamment. De notre point de vue, les garçons réagissent assez bêtement, comme tous les garçons du monde . La plupart rient sous leur cape, quelques-uns rougissent, mais nous n’y prêtons pas garde, car nous autres filles adoptons la même attitude, nous sommes dans la période d’observation. Le contact direct, amical, humain n’est pas pour demain. Il n’y a pas de récréation en commun, il est donc impossible d’engager une conversation. Dès les cours terminés, les religieuses nous attendent pour nous ramener en rang à l’Institution Sainte Jeanne d’Arc."

Les premières semaines se passèrent sans embûches, tout allait pour le mieux dans nos trois Institutions. On ne parlait déjà plus de l’entrée des filles au Petit Séminaire à Hazebrouck. Alors que la presse internationale et notamment le "STERN" du 16 octobre 1966 faisait encore feu de tous bois sur cette affaire en écrivant :
                             « L’AUTRE SEXE AU SÉMINAIRE »
«Des jeunes filles modernes doivent débarrasser les candidats au sacerdoce de la peur de l’autre sexe. C’est sur l’ordre même de l’Église que la tentation entra au séminaire. Conduites par leurs nonnes, cent trente jeunes filles sont entrées en rangs serrés au Petit Séminaire d’Hazebrouck. Ces jeunes filles doivent désormais user non seulement les mêmes bancs d’école, en commun avec soixante-neuf futurs hommes de Dieu, mais aussi leur apprendre à perdre toute peur devant la femme. » et de préciser :

« L’initiateur de cette mixité pour les jeunes candidats au sacerdoce est un vieillard de 82 ans, l’Évêque de Lille, le Cardinal Liénart. Aux prêtres qui critiquaient ces nouveautés pédagogiques, le prince de l’église leur expliqua d’un ton amène : "Nos jeunes confrères ont beaucoup trop peur de l’autre sexe, cette mixité doit être utilisée comme un bien." Et le Stern de terminer son propos : "les révolutionnaires de l’Église de France ont consciemment envisagé que quelques candidats au sacerdoce puissent réagir tout à fait normalement aux charmes de ces demoiselles. Certes, quelques séminaristes vont perdre intérêt à leur vocation. C’est ce qu’il faut. Ainsi désormais pourra être séparée la paille du bon grain, avant qu’il ne soit trop tard".

L’année scolaire se déroula sous les meilleurs auspices, les travaux de construction entrepris presque simultanément à Saint Jacques et au Petit Séminaire laissaient prévoir une augmentation importante de leur capacité d’accueil pour les années qui allaient suivre et ici où là on parlait déjà de fusion Saint-Jacques, Saint-Joseph, Saint-François d’Assise, Sainte-Jeanne d’Arc.

LE CENTRE SCOLAIRECATHOLIQUE D’HAZEBROUCK

Du fait du changement fondamental qui s’était créé lorsque les élèves du second cycle de Saint-Jacques, de Sainte-Jeanne d’Arc et de Saint-François d’Assise s’étaient retrouvés tous ensemble sous un même toit pour suivre un certain nombre d’heures de cours, il fallut bien leur accorder qu’ils avaient une identité géographique commune puisqu’ils fréquentaient le même établissement.
Le premier cycle, lui, avait gardé des structures autonomes : les garçons à Saint-Jacques, les filles à Sainte Jeanne d’Arc. C’est pourquoi les trois supérieurs respectifs tenaient à leur identité et à la marque spécifique de leur "maison".

Après plusieurs rencontres et arbitrages de l’Evêque une solution d’entente fut trouvée : on décida d’appeler ce regroupement géographique des élèves du second et du premier cycle "CENTRE SCOLAIRE CATHOLIQUE D’HAZEBROUCK". Tout le monde était ainsi satisfait de cette solution, et de ce fait le petit séminaire pouvait alors bénéficier du contrat d’association "privé - état".

LA RELANCE DES ACTIVITÉS SOCIOCULTURELLES

Petit à petit les liens se resserraient, et l’on vit apparaître çà et là des activités communes. Tout d’abord un journal : le journal du centre scolaire privé catholique. Il s’appela " LE LIEN ". Son premier rédacteur en chef fut Marcel LABEY, élève de «Maths Elem.» à Saint-Jacques comme l’on disait à l’époque. Le journal se composait de vingt pages polycopiées en format 21x27,9. On y trouvait des articles généraux et des informations sur le centre scolaire.

Cette idée était un symbole et avait reçu un accueil très favorable de la communauté Saint Jacques. Mais le Petit Séminaire avait déjà un journal "La Libre Tribune" qui venait de fêter ses cinq années d’existence et qui était devenu une tradition dans la maison. De leur côté, les demoiselles de Sainte-Jeanne d’Arc possédaient leur feuille, appelée "Gribouille". Il ne fallait pas que "Le Lien" devienne un concurrent. Un accord fut passé entre les directeurs généraux et les rédacteurs en chef de "La Libre Tribune" et de "Gribouille": ces deux journaux continueraient à paraître en fin de trimestre et "Le Lien" un mois et demi plus tard. Mais ils seraient rédigés et préparés ensemble.

L’équipe du Lien se composait de trois filles de Jeanne d’Arc, de deux séminaristes de Saint-François, et de deux Jacobins dont l’un était le rédacteur en chef. L’équipe technique était composée d’une «étrangère» au centre scolaire et d’un supérieur. L’«étrangère» était une jeune fille de la Fondation Depoorter qui avait accepté de taper les articles, et le supérieur, l’Abbé Gombert, prenait la tête du service de polycopie.

Le premier numéro parut avant Noël 1966. Il était riche de sujets variés. Il traitait du LSD, la drogue qui rend fou, d’une rubrique littéraire «Les croix de bois», d’une étude sur les jeunes et le racisme, d’une présentation des partis politiques de la France en 1966. Il donnait également des informations locales : présentation des trois Supérieurs, un compte-rendu des fêtes de Sainte-Catherine et de Saint Nicolas, à Saint-Jacques, Saint-François et Sainte-Jeanne d’Arc.

Et comme dans tous les journaux de jeunes, il y avait une page de jeux et d’humour qui paraissait sous la barrette «Page des spirituels».

A la fin du journal, une question était posée aux lecteurs "premier numéro oblige" «Qu’en pensez-vous ?». C’était un appel lancé aux lecteurs pour qu’ils se prononcent sur un journal exclusivement axé sur la vie des trois établissements ou un journal qui serait une nouvelle revue et qui traiterait de sujets généraux.

D’autres manifestations avaient lieu en commun entre les Jacobins et les Séminaristes philosophes, comme ils avaient plaisir à se surnommer. Ils se recevaient mutuellement pour fêter ensemble leur Sainte Patronne "Catherine".

En 1967, cette manifestation se déroula dans la salle des fêtes de Saint Jacques. Les Jacobins avaient préparé un spectacle dans la plus pure tradition du music-hall, et l’orchestre interprétait des succès à la mode. Ces sympathiques réunions étaient présidées par les Supérieurs Abbés GOMBERT et ROBITAILLIE.

Quant aux demoiselles, elles fêtaient leur sainte Patronne à Sainte-Jeanne d’Arc. La mixité dans de telles activités n’était pas encore autorisée.

Une autre tradition importante se déroulait en commun : la messe du Saint-Esprit, messe concélébrée par tous les prêtres du centre scolaire à l’occasion de la rentrée. M. l’Abbé Supérieur de Saint-Jacques était l’officiant principal, et l’Abbé Supérieur de Saint-François d’Assise prononçait l’homélie. En cette rentrée scolaire de 1967 il y avait encore 11 prêtres au centre scolaire qui comptait 570 élèves. La chapelle de Saint-Jacques ou de Saint-François d’Assise étant trop petites, cette célébration avait lieu à l’église Notre Dame.

n 1968, le Supérieur, l’Abbé Gombert, quitte Saint-Jacques après avoir oeuvré de toute ses forces pour la mise en oeuvre de ce centre scolaire qui était en somme une petite révolution dans les traditions presque ancestrales, en vue de s’adapter au temps. Il avait, par son expérience et son dynamisme toujours égal, su harmoniser, motiver, et rassurer tous ceux qui au départ pensaient que ce brutal et rapide changement était impossible.

MAI 68 A SAINT-JACQUES

On peut considérer que MAI 68 n’a pas provoqué à Saint-Jacques de bouleversements exceptionnels. Bien sûr comme dans la France entière la tension a existé. On était tout à fait attentif aux événements qui se déroulaient dans la capitale ou à l’Université de Lille, mais le sentiment qui dominait était que nous faisions partie de ces privilégiés ou de ces braves gens que les problèmes d’une relation trop brutale entre l’autorité et la masse ne concernait pas vraiment. Et ce n’était pas par orgueil mais simple réalisme. «Pendant que les autres sont à la peine continuons d’oeuvrer sérieusement, continuons à travailler, ces difficultés ne sont pas tout à fait les nôtres». Les anecdotes pourtant étaient nombreuses, la pénurie des transports multipliait les rencontres avec auto-stoppeurs (on ne disait pas encore routards) et la curiosité était très intense («Au début la réflexion a été intelligente, pratique, posant les vrais problèmes, mais bientôt des agitateurs extérieurs sont intervenus et cela a été fini, rien d’utile n’a pu être fait ou dit»)

Les cours ont donc continué jusqu’au dernier moment et un jour il a fallu accepter l’évidence : la France entière étant arrêtée, il fallait en terminer et Saint-Jacques s’est mis en grève après une réunion organisée par la direction (il y fut mention de menaces, on aurait pris la mesure des portes pour organiser des destructions :"tout le monde est en grève pourquoi continuez-vous ?"), et quand nous avons découvert par la suite que les jours de grève étaient payés, une sorte d’amertume est restée en travers de la gorge de certains professeurs. N’avions-nous pas été un peu pigeonnés ?

68 a donc marqué Saint-Jacques mais pas de façon particulière. Par la suite il y eut cependant des périodes de contestation plus affirmée. La plus significative étant cette réunion de tout le second cycle : un élève dont j’ai oublié le nom mais que l’on surnommait "CANARD" ayant pris la tête d’une contestation assez virulente dont le moyen était le refus de remplir les feuilles de présence ou même de les rendre, les cahiers de textes furent aussi menacés : Détournement de documents administratifs, quelle faute gravissime !!! Cela faillit tourner mal, mais finalement l’idée que les élèves qui travaillaient devaient avoir priorité sur ceux dont la préoccupation était moins noble finit par prendre le dessus. Le souci d’un travail efficace était finalement le grand argument, très utile pour éloigner les tentations du désordre ou de l’utopie.

M. L’ABBE COQUANT DIXIÈME SUPERIEUR 1968-1971

coquant.jpg (44940 octets)M. l’Abbé Jean COQUANT, fut désigné pour succéder à l'Abbé Gombert, désigné pour prendre les fonctions de directeur-adjoint à l’Institution Saint-Jude. Pour la première fois, on tentait de remplacer l’appellation de "SUPERIEUR" par celle de "DIRECTEUR", mais dans ce domaine, les anciens admettaient difficilement ce changement et par respect à l’autorité ils continuaient à l’appeler "M. le Supérieur".

M. Jean Coquant est né en 1930.Ordonné prêtre en 1957.Professeur au Petit Séminaire en 1957.Dirige l’Institution Saint-Jacques en 1968.Directeur du Collège Sacré-Coeur à Tourcoing en 1971.Vicaire Episcopal en 1986 pour le monde scolaire et universitaire (public et privé)

1969 : CRÉATION DU CONSEIL DE MAISON

Dès sa prise de fonction M. l’Abbé Coquant se mit à la tâche. Le centre scolaire fonctionnait sans problème, mais la maison lui paraissait si grande qu’il se sentait parfois un peu seul, qu’il songeait en cultivant son potager : « pourquoi ne pas faire participer en assemblée consultative un plus grand nombre de personnes de la communauté du centre scolaire ? Cela permettrait ainsi aux Supérieurs de prendre des décisions plus rapidement et d’être en accord avec l’attente des professeurs, des élèves, et des parents.» Et, selon les directives ministérielles, tout en gardant le caractère authentique de l’enseignement privé catholique, il décida la mise en place progressive du "CONSEIL DE MAISON" dès le mois de janvier 1969.

Une première réunion importante, qu’il présidait, eut lieu le 24 janvier 1969. Il s’agissait de franchir une étape nouvelle. Il fallait étudier les modalités pratiques de mise en place de cette nouvelle instance. Furent examinés le rôle du Conseil de Maison, le nombre et la répartition de ses membres, le rythme des réunions, la constitution de commissions, et le calendrier de mise en place.

Dès les premières semaines, et pour la première fois, furent élus dans chaque classe des délégués d'élèves, et, durant le premier trimestre, il travaillèrent avec leurs professeurs sur différents thèmes. Les professeurs firent de même afin de mieux percevoir quel serait le rôle assigné aux représentants qu’ils éliraient. Les parents aussi avaient à désigner leurs délégués. Le calendrier prévoyait des rencontres régulières à tous les niveaux. Ainsi formé progressivement, mais constitué par des membres déjà initiés à leur future tâche, ce conseil pourra contribuer efficacement à la bonne marche du centre scolaire, sa mise en place étant programmée pour la fin de l’année.

COUP D’OEIL SUR L’INSTITUTION SAINT JACQUES EN 1970

Monsieur l’abbé Jean Coquant Supérieur, écrivait un article pour le journal des anciens et qu’il titrait:

« Saint-Jacques en 1970 ».

Il y a dix ans encore, Saint-Jacques c’était le collège, jusqu’à trois cents collégiens de la onzième à la Terminale, qu’on appelait alors Philo, Sciences Ex ou Math-Elem.

Aujourd’hui, c’est encore le collège, deux cent quarante collégiens; mais seulement de la Sixième à la Terminale : il n’y a plus , depuis la rentrée de septembre 1969, de « Petit Collège » ; les soixante élèves qu’il comptait en 68-69 se sont orientés vers les écoles primaires, en particulier vers Saint-Joseph. Ce nombre de 240 élèves en classes secondaires semble indiquer, d’après le chanoine Rémi Decoopman, Supérieur honoraire, une certaine progression des effectifs.

Saint-Jacques 1970, c’est donc les collégiens. Mais c’est aussi 106 séminaristes et en Seconde, Première et Terminale , 238 garçons et 166 filles. Saint-Jacques, c’est désormais le Centre Scolaire Catholique que forment nos trois maisons mettant ainsi leurs effectifs en commun, soit 510 élèves.

C’est l’aspect le plus spectaculaire du changement. Il nous est difficile, à nous anciens, qui avons été élèves dans un établissement « mono sexué », d’imaginer ce que peut comporter de risques et de chances une éducation vécue dans la mixité. Pourtant, là n’est pas l’essentiel du changement.

Saint-Jacques est de plus en plus perçu et doit l’être, non pas comme un tout se suffisant à soi-même, comme une île, mais comme une partie d’un tout. C’est une des maisons que l’Enseignement Catholique a créées, une parmi les autres.

Dans cet ensemble solide, le centre scolaire Saint-Jacques tient sa place. Et il ne prétend pas tenir la place des autres : c’est pourquoi il n’a pas gardé ses classes élémentaires. L’effort qu’on aurait fourni pour augmenter les efffectifs du petit collège afin de mettre les classes primaires sous contrat, aurait finalement nui au recrutement des écoles primaires libres qui entourent Hazebrouck ou qui fonctionnent dans la ville.

Naguère, le second cycle était le prolongement du seul premier cycle du Collège Saint-Jacques. Aujourd’hui, c’est le second cycle de plusieurs premiers cycles : ceux de Sainte Jeanne d’Arc, de Saint-Jacques, de Saint Joseph, etc..

Les 91 élèves entrant en seconde cette année viennent de notre région hazebrouckoise :

15 viennent de Saint-Jacques, 9 de Saint-Jacques-Séminaire, 44 de Jeanne d’Arc, 10 de Saint Joseph, et 13 de cours complémentaires catholiques.

Voilà sans doute le changement le plus important. Jadis un seul premier cycle, celui de Saint-Jacques, qui envoyait ses élèves au second cycle de Saint-Jacques. Aujourd’hui, pour un unique Second Cycle, les élèves viennent de 15 premiers cycles différents.

Quittons les chiffres et les vues aériennes, amis et Anciens à qui il s’agit de présenter l’Institution Saint-Jacques en 1970. Comment se répartissent les élèves ?

Coté rue de la Sous Préfecture se trouvent les aînés de la seconde à la terminale ; dès 8h15 ils se rassemblent dans la petite cour. Surprise pour vous qui avez connu « notre vieux collège » : la charmante et insupportable marmaille des petites classes n’est plus là, ni les élèves du premier cycle.

Quelques minutes plus tôt les classes de 6ème à la 3ème se rassemblent dans la grande cour pour ensuite se diriger en bon ordre, mais oui ! vers le séminaire : là, deux salles d’étude accueillent les élèves, collégiens et séminaristes du centre Saint-Jacques pour la si précieuse « étude de leçons » qui précède les cours. A midi moins cinq, à la fin des cours, collégiens internes et demi-pensionnaires regagneront Saint-Jacques coté rue de la Sous-Préfecture pour y prendre le repas et la récréation avec les aînés mais dans deux cours différentes. Les séminaristes se dirigeront vers leur propre réfectoire rue Warein, et les filles vers le réfectoire de Sainte Jeanne d’Arc. Les mêmes mouvements recommenceront l’après- midi .

Les locaux que vous avez connus se sont un peu transformés ou ont changé de destination. Ne parlons pas bien sûr, du nouveau bâtiment construit en 1964, que vous connaissez : il abrite six classes et la grande étude du second cycle qui, le soir, sert de salle d’étude aux garçons du second et du premier cycle et des séminaristes. Au second étage , au-dessus

du dortoir, là où se trouvait la salle de théâtre décorée par l’Abbé DELACOCHY, il y a aujourd’hui deux salles de cours d’histoire et de géographie et une salle où les professeurs de ces matières entreposent leur documentation.

Sous la sacristie, les filles ont aujourd’hui leur vestiaire et leur bloc sanitaire. La moyenne étude est devenue salle de jeux du second cycle. A coté du bloc de la physique , la dernière classe est devenue réfectoire des professeurs. Enfin la salle des fêtes a été transformée en salle des sports, là où « Le chef », je veux dire M. Notredame, initie les garçons aux barres parallèles, au cheval d’arçon ou au maniement des haltères.

Et enfin le corps professoral : celui-ci s’est considérablement élargi, où sont les petites équipes professorales de jadis, composées presque exclusivement de prêtres résidant au collège ? Aujourd’hui, il reste une quinzaine de prêtres au centre scolaire, le corps professoral c’est surtout vingt et un professeurs laïcs, hommes et femmes, et une dizaine de directeurs de division et surveillants.

Ce nombre et cette variété ont modifié "l’allure" du corps professoral, qui risque d’être moins facilement qu’avant une équipe unie, mais qui a la chance, plus qu’un petit groupe, de rester ouvert et accueillant et de n’être pas sastisfait à bon compte.

Puissiez-vous simplement retenir de ces quelques lignes l’impression dominante de celui qui les a écrites pour vous : Saint-Jacques, c’est une maison qui vit.

 

Abbé Jean Coquant, Supérieur

 

En 1971, M. l’Abbé Jean Coquant quitte ses fonctions pour prendre la direction du collège du Sacré Coeur de Tourcoing. Avant son ultime «au revoir» M. l’Abbé Coquant tint à présenter lui-même son successeur, M. l’Abbé Jean-Noël DELANNOY.

Comme dans toute réception de ce genre, vint l’instant des discours, le représentant du corps professoral et du personnel de l’Institution s’adressa à M. le Supérieur pour lui témoigner leur reconnaissance et leur sympathie à son égard en ces termes :

«Pour nous tous, depuis 1968, vous êtes devenu notre "patron". Qu’on nous pardonne ce terme, pourtant à votre image, tout à la fois familière et ferme. Le "patron", nous l’avons reconnu dans celui qui s’est attaché à réussir cette première fusion : patient travail que de cimenter des éléments divers pour en sortir un édifice solide. Le "patron", c’est aussi celui qui anima la maison, tant par des échéances organisées que par une présence à toutes les activités, depuis la catéchèse jusqu’au football sous la pluie. "Patron", vous l’êtes, mais à la manière d’un chef d’équipe dont la porte est toujours ouverte et à qui chacun peut venir exposer ses problèmes sans risque d’être rabroué.

Personne n’ignore ici ce qu’il vous en coûte de quitter Saint-Jacques, un Saint-Jacques attachant où reviennent volontiers les anciens. Sans que tout le monde comprenne bien pourquoi, vous vous révélez aujourd’hui un homme de devoir. Voyez dans le respect de votre décision une dernière preuve de notre confiance.»


L'Abbé Coquant avait en effet su créer un climat nouveau dans un établissement à la fois fidèle à son caractère et sa vocation, originel et ouvert à la modernité. Tous ceux qui débutèrent leur enseignement sous son administration se souviennent de sa générosité, de son intelligence et de son sens de la relation.

Sa haute taille lui donnait une prestance et une démarche altière "éminente", qui imposait une autorité constamment soutenue par l'humanité et l'équité de ses jugements et admise par les raffinements élégants de son "esprit". Ce fut une époque de renouvellement et d'initiative pédagogiques qu'il animait avec passion, à l'aise dans une équipe professorale jeune dont la moyenne d'âge était de 25 ans au lycée et stimulée par son propre dynamisme. Il savait prendre le temps de s'intéresser aux activités et aux goûts de chacun, et Saint-Jacques y découvrit une âme hospitalière. N'accueillait-il pas des "marginaux" auxquels il confiait des tâches d'entretien, des professeurs artistes ou plutôt des artistes qui enseignaient parfois..., de nombreux laïcs dont ils respectait les doutes et les cheminements originaux.

Éphémère, sa présence à la tête de Saint-Jacques fut féconde, joyeuse et enrichissante .

Le 10 janvier 1971, M. le Chanoine Rémi Decoopman décède dans la 84è année de sa vie terrestre, sans trop souffrir de la vieillesse. Pour ses amis il disparaît trop tôt, son avis devait être différent. Néanmoins tous ceux qui l’avaient connu restèrent surpris devant le vide laissé par celui qu’ils pouvaient identifier
- avec les meilleures années de leur jeunesse,
- avec une partie importante de l’histoire de Saint Jacques.

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