HISTOIRE DE L'INSTITUTION SAINT-JACQUES
HAZEBROUCK ENTRE 1893 et 1993
d'après le livre de Roger Renou:"Une histoire centenaire"
années 1900-1920-l'abbé Hidden-2° supérieur
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photographies d'époque:
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ANNÉES 1900-1920
L’ABBE HIDDEN DEUXIÈME SUPÉRIEUR
Monsieur
l’Abbé HIDDEN
professeur au collège Saint-Jude à Armentières fut désigné par Monseigneur
l’Archevêque pour succéder à l’Abbé DENYS.
M. l’Abbé HIDDEN Paul est né
à Hazebrouck le 2 février 1868 ; il est ordonné prêtre à Cambrai le 29
juin 1892 ; professeur à Armentières, à l’Institution Saint-Jude en
1892 ; nommé supérieur de l’Institution Saint-Jacques, à Hazebrouck en
1900 ; chanoine honoraire en 1919 ; retiré à Hazebrouck en
1920 ; y est décédé le 25 janvier 1921 à l’âge de 53 ans.
photo: 1900:
le parloir
photo: 1900: le
dortoir du 2° étage
photo: 1900:
le dortoir de la vierge
Mise à Jour Novembre 2008: Liste
des élèves en 1916... Comment redonner vie aux 178 noms inscrits sur les deux
monuments aux morts toujours présents dans les locaux du collège et du
lycée St Jacques ? Comment prendre conscience de l’absurdité de la
grande guerre, quelque quatre vingt dix ans après? |
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EN 1900 |
D’emblée Monsieur l’Abbé Hidden s’était engagé à suivre la voie tracée par son prédécesseur, et aussitôt il se mit au travail pour faire prospérer l’Institution en développant le recrutement des élèves et, à cet effet, il rédigea et fit distribuer un tract que l’on pouvait appeler la charte de recrutement du collège Saint-Jacques. On pouvait y lire :
INSTITUTION SAINT JACQUES A HAZEBROUCK RÈGLEMENT L’Institution Saint-Jacques a pour but d’assurer aux élèves, avec les avantages d’une instruction solide, les bienfaits d’une éducation religieuse ; le Supérieur se fera un devoir d’y faire revivre les traditions du distingué et regretté Monsieur le Chanoine Jacques DEHAENE. L’établissement est vaste et placé dans une situation très favorable à la santé des élèves ; les cours, les salles de classe, les études et les dortoirs sont spacieux et bien aérés. L’enseignement classique est basé sur les programmes officiels et sur ceux qui sont suivis dans les institutions libres du diocèse. L’enseignement secondaire moderne est donné dans des cours spéciaux de français auxquels sont annexés des cours de sciences, mathématiques, physiques et chimiques, des cours de chimie agricole, de dessin, d’histoire naturelle, de commerce, d’agriculture, d’arpentage, de nivellement et qui préparent les jeunes gens aux différentes administrations, et au baccalauréat. L’instruction religieuse comprend le catéchisme diocésain, l’histoire abrégée de l’Eglise et des notions de philosophie chrétienne. Les jeunes enfants sont préparés avec le plus grand à leur première communion. L’étude de l’anglais est obligatoire depuis la cinquième pour les élèves de latin, et dans les cours supérieurs pour les élèves de français ; elle n’entraîne aucune augmentation de frais. Les cours d’allemand, de musique, de gymnastique, d’escrime, sont facultatifs et à la charge des parents. Tout élève peut gagner par son travail et sa bonne conduite une sortie trimestrielle qui ne sera accordée que le deuxième dimanche de novembre et le lundi de la Pentecôte. Aux vacances de janvier et de Pâques et les jours de sortie, les élèves qui suivent la voie ferrée pour retourner dans leur famille seront accompagnés d’un professeur ; ils seront conduits jusqu’aux gares de Lille, de Dunkerque, de Calais de Béthune, de Rexpoëde et jusque la frontière Belge. Ils seront repris au même endroit pour le retour. (Les professeurs parcouraient ainsi des dizaines de kilomètres à pied au début et à la fin des vacances ). Tous les trois mois, un bulletin indiquera aux parents les places des compositions et les notes obtenues par leurs enfants. LES
PENSIONNAIRES Il lui faut trois paires de souliers et une paire de pantoufles. Le port de l’uniforme est obligatoire le dimanche et les jours de fête ; néanmoins, pendant la première année, il sera accordé des exemptions ; les familles composeront à volonté le reste du trousseau. Des personnes de confiance sont chargées de l’infirmerie et des soins à donner aux élèves. Un docteur en médecine est attaché à l’Institution. Le prix de la pension est de 500 francs par an, payable d’avance en trois termes, à savoir : 165 francs à la rentrée d’octobre, 165 francs à la rentrée de janvier et 170 francs à la rentrée de Pâques. Il n’y a pas de droit d’entrée, les frais d’éclairage et de chauffage sont compris dans le prix de la pension. Les lits sont fournis par l’établissement : ils ont 1,90 m. de longueur et 0,80 m. de largeur. Ils sont garnis d’un sommier élastique sur la demande des parents et moyennant une indemnité de 2 francs par trimestre ou 6 francs par année scolaire. La literie (matelas, traversins, édredon, couvertures, descente de lit, bassine de toilette): 10 francs par trimestre, ou 30 francs par année scolaire. LES DEMI-PENSIONNAIRES Les demi-pensionnaires restent toute la journée dans l’établissement, ils y prennent le déjeuner et le goûter. Le prix de la demi-pension (frais d’écolage, d’éclairage et de chauffage compris) est de 30 francs par mois, ou 300 francs pour l’année scolaire, payable 95 francs à la rentrée d’octobre, 95 francs à la rentrée de janvier et 110 francs à la rentrée de Pâques. LES EXTERNES L’établissement ne reçoit que des externes surveillés et les conserve toute la journée, sauf pendant le temps du déjeuner. Le prix de l’externat et des frais de surveillance est de 60 francs par année scolaire, payable 20 francs à la rentrée d’octobre, 20 francs à la rentrée de janvier, 20 francs à la rentrée de Pâques. Un abonnement est obligatoire pour les externes (boisson 1 franc par trimestre, éclairage et chauffage, 1,50 franc par trimestre, goûter 17 francs pour l’année scolaire payable 5,50 francs à la rentrée d’octobre, 5,50 francs à la rentrée de janvier et 6 francs à la rentrée de Pâques. DISPOSITIONS PARTICULIÈRES Il sera perçu 3 francs par année scolaire pour les frais de culte. Il est défendu aux élèves de fumer dans les rues ou sur les promenades publiques. Cette interdiction s’étend au temps de vacances scolaires. Tous les
paiements sont exigibles d’avance. |
L’INSTITUTION
SAINT JACQUES AVANT LA GUERRE DE 1914-1918
En 1912, déjà, les dirigeants de
l’Etat pressentaient un éventuel conflit militaire avec l’Allemagne. Afin
de pouvoir faire face à l’accueil des nombreux blessés qu’il pourrait y
avoir, l’Etat, en coopération avec la Croix Rouge française avait donné à
cette association délégation pour recenser la capacité d’accueil des établissements
scolaires ayant un internat.
Le 20 août 1912, Monsieur le supérieur fut saisi
d’une demande de la Croix Rouge afin d’informer celle-ci du nombre de lits
dont le pensionnat pourrait disposer à titre d’ambulance en cas de guerre ;
Monsieur le Supérieur avisa Monsieur le Directeur de la société anonyme de
cette requête et celui-ci donna son accord pour qu’il fût procédé au
recensement des lits. Monsieur le Supérieur informa donc la Croix Rouge que
l’établissement pouvait mettre 100 lits à la disposition de celle-ci, à la
suite de quoi, le 19 novembre 1912, Monsieur le Supérieur fut informé que
Saint-Jacques serait réquisitionné en cas de mobilisation pour servir d’hôpital
auxiliaire des armées.
Monsieur le Supérieur
Hidden était un personnage prévoyant et ambitieux. Il projeta l’idée de la
construction d’une salle des fêtes. Les effectifs ne cessaient d’augmenter,
la situation financière était bonne, il informa donc Monsieur le Directeur de
la société de ses intentions et à la suite de la réunion annuelle de la société
anonyme, Monsieur le Supérieur reçut l’accord de Monsieur le directeur de la
société pour réaliser la construction de la salle des fêtes.
Monsieur le Supérieur
acheta de ses deniers un terrain sis rue de l’Orphelinat et appartenant à
Monsieur OMARE, celui qui avait déjà vendu la parcelle pour la construction de
Saint- Jacques. Les travaux commencèrent début mai 1913, la bénédiction de
la pose de la première pierre eut lieu le 5 mai, les travaux de construction
furent achevés en octobre et la nouvelle salle des fêtes reçut la bénédiction
par Monseigneur CHAROST évêque de Cambrai le 21 octobre 1913.
Pendant les grandes vacances
scolaires de 1913, des médecins militaires vinrent effectuer des exercices de
reconnaissance et d’étude des lieux pour l’implantation du service
chirurgical.
Dès la déclaration de guerre de
1914 il fut placé sur la partie haute de l’entrée vers la petite cour un
panneau signalant
« HOPITAL AUXILIAIRE DE TERRITOIRE N°6 ».
en 1914 |
L’INSTITUTION
PENDANT LA GUERRE 1914 - 1918
Le 4 août 1914, ce fut la déclaration
de guerre, et l’institution devint hôpital auxiliaire territorial N°6 dès
la fin du mois de septembre ; les blessés commencèrent à arriver à
raison de plus de soixante par jour et l’hôpital devint de plus en plus
actif.
La rentrée scolaire d’octobre 1914 dut être reportée à plusieurs
reprises à cause des événements.
Les professeurs manquaient car, mobilisés,
ils étaient au front et il fallut attendre le mois de février 1915 pour
envisager la rentrée scolaire.
Les professeurs absents furent remplacés par
des laïcs réformés, et cette année scolaire se déroula tant bien que mal,
marquée par des journées particulièrement dramatiques, au cours du mois de
mai 1915, lors de l’attaque allemande sur le front d’Ypres avec utilisation
de gaz asphyxiants.
Ainsi la journée du 25 mai atteignit le paroxysme de
l’horreur. On avait amené jusqu’à 800 asphyxiés dans un état lamentable ;
il y en avait partout, couchés sur des brancards, qu’il fallait enjamber pour
passer dans les couloirs. Les locaux ne suffisant plus, des tentes avaient été
dressées dans la prairie jouxtant l’Institution.
Durant toute cette année
terrible, plus de la moitié des locaux de Saint-Jacques fut occupés par la
Croix Rouge. La remise des prix eut quand même lieu le 23 juillet 1915, mais
sans président et sans festivité.
La rentrée d’octobre 1915 fut
encore plus problématique. Reportée à plusieurs reprises, elle n'eut lieu
qu’au mois de janvier 1916 à cause de l’occupation de plus en plus
importante des locaux par la Croix Rouge. Le nombre des blessés avait beaucoup
augmenté à la suite de l’attaque par les gaz des troupes allemandes sur ce même
front d’Ypres.
photo
1914-1918:
la plaque commmémorative scellée dans le hall d'entrée de l'institution
Néanmoins on comptait 280 élèves dont 200 pensionnaires et ce ne fut pas une sinécure de loger tout ce monde : les ateliers furent transformés en études, les caves en salle de cours, la chapelle en dortoir. Cette année, la communion solennelle eut lieu le 15 juin 1916 à l’église Saint Eloi, mais il n’y eut pas de cérémonie de remise des prix.
L’année 1916-1917 ne se passa pas trop mal,
les habitudes étaient acquises, chacun en prenait son parti malgré les
restrictions de tous ordres ; la rentrée d’octobre 1917 se fit tout à
fait normalement, les anciens aidaient les
nouveaux élèves à s’adapter à cette nouvelle forme de vie en communauté.
Mais l’offensive allemande
annoncée sur le front d’Ypres depuis quelques semaines eut ses premiers
effets sur Hazebrouck le 13 décembre 1917. De gros obus de calibre 400 mm
pesant plus de 500 kg de l’artillerie ferroviaire furent lancés subitement
sur la ville dès 9 heures du matin. Ils firent bien des victimes, parmi
lesquelles Monsieur le doyen d’Hazebrouck, le Vicaire de Saint Eloi. A 3
heures de l’après midi le bombardement durait toujours, mais Saint-Jacques
protégea ses enfants et ses lieux, et il n’y eut aucun blessé ni dégât.
L’ACTION HUMANITAIRE MENÉE A L’INSTITUTION SAINT-JACQUES DURANT LA GUERRE DE 1914 - 1918
Par suite de la décision de Monsieur le Chanoine Paul HIDDEN, Supérieur de l’Institution, de mettre à la disposition de la Croix Rouge française les locaux de Saint Jacques permettant ainsi l’installation d’un hôpital auxiliaire, l’Institution participait indirectement à l’aide humanitaire apportée aux victimes civiles et militaires de cette guerre. D’ailleurs, quelques années après celle-ci et en reconnaissance, la Croix Rouge française apposait dans le hall d’entrée une plaque commémorative en témoignage de cette action.
On pouvait notamment y lire:
« DES LA MOBILISATION
(Août 1914) ET SUIVANT L’OFFRE GÉNÉREUSE QUI EN AVAIT ÉTÉ FAITE
LE 11 MAI 1912 PAR M. LE CHANOINE PAUL HIDDEN, IL FUT INSTALLE PAR LE
COMITE D’HAZEBROUCK EN CETTE INSTITUTION LIBRE SAINT-JACQUES L’HÔPITAL
AUXILIAIRE DE TERRITOIRE N°6» ONT ÉTÉ HOSPITALISES : 2470 MILITAIRES BLESSES OU MALADES
96 BLESSES DE GUERRE CIVILS ET |
Depuis le bombardement de décembre
1917, bien des obus tombèrent sur la ville et hélas Saint-Jacques ne fut pas
épargné car, le 2 février 1918,
notre collège fut touché deux fois mais grâce
à Dieu il n’y eut pas de blessés.
Un obus tomba aux abords des cuisines,
toutes les vitres volèrent en éclats, un autre atteignit le bâtiment central
de plein fouet et il traversa la toiture, le plancher du dortoir, puis le sol du
réfectoire au rez-de-chaussée pour enfin aller se loger dans la voûte de la
cave mais heureusement celui-ci n’explosa pas et, quelques jours plus tard,
des démineurs vinrent pour désamorcer l’engin de guerre.
Jusque là le collège
s’en était bien tiré : pas de morts ni de blessés parmi les élèves
et les professeurs.
Photos des bombardements du 19 Mars 1918
*la partie
centrale du petit séminaire
*l'aile gauche
vue de la rue Warein
L'EXODE A LANGRUNES
(Calvados)
Monsieur le Supérieur vivait avec la hantise qu’il se pourrait bien qu’un
jour il y eût des victimes parmi les élèves suite à d’autres bombardements
car les nouvelles annonçaient une situation de plus en plus dangereuse pour les
populations. Monsieur le Supérieur informa donc les parents début mars 1918 de
son intention d’évacuer le collège.
La décision fut prise d’un commun accord entre les professeurs et les
parents d’élèves d’évacuer toute la communauté de Saint Jacques sur LANGRUNES,
petite ville du bord de mer située dans le département du Calvados.
On emmena tout ce que l’on put jusqu’au tuyau de poêle, et
le train se mit en marche, emmenant en exode les élèves, les larmes aux yeux
de devoir quitter leur famille restée sur le quai de la gare d’Hazebrouck
mais avec un espoir de revenir bien vite en Flandre. Monsieur le Supérieur
avait eu raison de prendre cette décision car, le 19 mars 1918, les bombardements effectués par l’artillerie allemande de gros calibre
redoublaient d’intensité et cette fois hélas le collège n’était pas épargné :
l’aile droite fut en partie détruite et le petit séminaire Saint-François
d’Assise, notre voisin, subissait le même sort : un obus de gros calibre
écrasa la partie centrale de la façade à gauche de l’entrée, la coupant
net en deux.
Pendant ce temps,
nos élèves et leurs professeurs correctement installés à Langrunes
poursuivaient leurs études malgré la guerre. Les nouvelles arrivaient de
Flandre et de Langrunes, ce qui rassurait les familles et les élèves, mais déjà
la fin de l’année scolaire approchait et l’on préparait cet événement.
Car la remise des prix serait à nouveau présidée par Monseigneur et d’autre
part on fêterait également la 25ème année d’existence de l’Institution.
LA
DISTRIBUTION DES PRIX A LANGRUNES LE VINGT-CINQUIÈME ANNIVERSAIRE ET LA CRÉATION DE LA BANNIÈRE
La date retenue pour la
distribution des prix fut fixée au mercredi 24 juillet 1918. Celle-ci fut présidée
par Mgr Thomas LEMONIER,
Evêque de LISIEUX.
Monsieur le Supérieur HIDDEN
qui, à cette occasion, avait préparé un long discours commença son
allocution par ces mots :
Et aujourd’hui, j’ai l’agréable et la redoutable mission de vous présenter les personnages qui ont bien voulu honorer cette réunion de leur présence. Ai-je besoin tout d’abord, de vous présenter Monseigneur qui préside cette solennité ? Non, vous le connaissez, sans doute, et surtout, de bonté et de coeur ; en effet, au retour de sa première visite, mes oreilles indiscrètes écoutaient vos réflexions et celles de vos maîtres ; elles se résumaient en ceci. Nos Evêques sont très bons mais surtout très solennels. Monseigneur L’évêque de Lisieux est très bon, lui, mais surtout paternel et volontiers de lui eussiez-vous dit ce que disait de Dieu à Saint Louis le sire de Joinville : « Il est chose si bonne que meilleur ne peut être. Pourtant, si je n’ai pas présenté Monseigneur, j’ai à le remercier d’avoir bien voulu ajouter cette nouvelle marque de bienveillante affection à toutes les marques données jusqu’ici et à lui dire que nous garderons tous un bon souvenir de cette distribution des prix de 1918. Je voudrais également remercier le représentant du département M. Fernand Engeraud, député du Calvados, et M. le Maire de Langrune qui, dés notre arrivée ici, nous ont rendu visite avec un empressement qui nous a profondément touchés. Pour vous rappeler le prix de leurs bienfaits, vous n’avez qu’à songer à votre salle d’études qui était ma grande préoccupation en arrivant ici. C’est la salle des fêtes de la commune, vous le savez, mais l’étude pour de vrais collégiens n’est-elle pas une fête aussi, la fête de l’intelligence et de l’esprit ? Et enfin comme pour nous rappeler l’hôpital qu’est devenu Saint Jacques à Hazebrouck, je vois devant moi des médecins militaires de l’hôpital voisin toujours venus avec empressement soigner les élèves malades. J’en profite à nouveau pour les remercier de leur sollicitude et de leur dévouement. J’avais espéré pour montrer toute notre affection à nos élèves de nationalité belge, recevoir M. le Ministre des Sciences de la Belgique. Il m’a écrit pour m’exprimer ses regrets de ne pouvoir venir nous rejoindre, suite aux événements de la guerre. Il y a cependant, mes chers amis, une autre présence que je voudrais saluer en ce jour avec une émotion que je n’arrive pas à contenir. Le 25ème anniversaire de la fondation de notre Institution, vous avez voulu créer et offrir au collège la belle bannière que nous admirons tous et dont l’inspiration est due à l’un de nos distingués professeurs. Cette bannière représente à mes yeux l’âme
de notre Institution, l’âme du « Saint Jacques », comme l’on
dit dans notre pays, cette âme façonnée par nos devanciers et toute faite de
piété, d’obéissance, de travail et de probité, cette âme, faite depuis
quatre ans de deuils, de douleurs et de sang, car innombrables sont les fils de
Saint Jacques, tombés glorieusement au champ
d’honneur mais toute rayonnante, en même temps, de dévouement, d’héroïsme,
d’amour de la patrie et de gloire impérissable. «Jeunes amis, ce drapeau, dans ce qu’il représente, ce drapeau que nous, vos prédécesseurs, avons toujours tenu haut et droit, au chemin de la vertu et du devoir, nous vous le confions à votre tour. Souvenez-vous qu’il n’est pas permis de laisser tomber. Debout ! pour la France et pour Dieu. Jeunes amis, vous êtes l’avenir, et dans une invincible espérance, je lis sur tous vos visages votre fière réponse « Nous le jurons, nous serons dignes de vous ». L’honneur de l’Institution, partout et devant tous, nous demeurera ancré ; nous le proclamons par l’intégralité de la vie, nous le défendrons par nos exemples, et s’il le faut, nous le vengerons par nos vertus.» A Langrune le 24 juillet 1918 Monsieur l’Abbé HIDDEN supérieur |
DESCRIPTION DE LA BANNIÈRE ET DU BLASON
Il est intéressant de connaître
le sens des dates, des inscriptions et l’héraldique du blason.
Quatre dates rappellent quatre
faits : 1630, 1865, 1893, 1918.
En 1630 pour la première fois à
Hazebrouck l’établissement secondaire est confié aux religieux, les moines
augustins dont les bâtiments abritent aujourd’hui le musée. De là cette 1ère
date.
En 1792, à la Révolution, le
couvent des Augustins fut fermé, mais le collège se rouvrit en 1803 sous la
direction d’un ecclésiastique du diocèse. En 1837, ce dernier fut remplacé
par l’Abbé Jacques Dehaene, un des apôtres de la Flandre au siècle dernier,
mais 28 ans plus tard, l’autorité académique révoqua de ses fonctions l’Abbé
Dehaene qui se retira à l’ancien couvent des Capucins que les moines avaient
quitté et dont l’Abbé Dehaene était l'un des propriétaires. En 1865,
celui-ci décidait, avec la bénédiction de Monseigneur l’Archevêque de
Cambrai, d’ouvrir l’Institution libre Saint François d’Assise, de là
cette deuxième date.
En 1879, l’Institution libre
Saint François d’Assise fut transformée par le Cardinal REGNIER en petit séminaire
et de ce fait réservé aux élèves qui se destinaient au sacerdoce.
En 1881, le conseil municipal
tenta de réorganiser un nouveau collège mais celui-ci sous la direction d’un
laïc, périclitait et fut fermé en 1890, puis rouvert en 1891 sous la
direction de l’Abbé DENYS ; mais la bienveillance des pouvoirs publics
ne dura que quelques semaines. Ce fut l’échec qui provoqua en 1893 la
fondation d’une nouvelle Institution libre d’enseignement secondaire,
laquelle fut placée sous le patronage de Saint- Jacques le Majeur, apôtre, en
mémoire de Monsieur le Chanoine Jacques Dehaene. De là cette troisième date.
En cette année 1918, date de sa création, vous êtes les premiers élèves à avoir l’honneur et la joie d’être présentés à cette bannière qui, comme je vous le disais tout à l’heure, représentera pour toujours l’âme de l’Institution. De là cette quatrième date.
L’HÉRALDIQUE DU BLASON
En supposant être placé devant
lui, il porte :
En haut à droite un destochère,
c’est-à-dire un bras droit avec sa main, élevant un coeur de pourpre blessé
par une flèche, le tout sur un champ d’azur qui est de l’ordre des
Augustins.
En haut à gauche, une croix de
sable, flanquée d’un Alpha et d’un Oméga, première et dernière lettre de
l’alphabet grec, rappelant le commencement et la fin de toutes choses, sur
champ d’argent, de l’ordre de Saint François d’Assise.
En bas, à droite au contour de
la pointe, un lion de gueules eau rouge, sur champ d’or qui est de Flandre.
En bas, à gauche au contour de
la pointe, un livre d’argent sur champ d’hermine qui est de l’Alma Mater,
c’est-à-dire de l’université.
Au centre, un écu de synople,
eau vert, chargé d’une ancre d’or, flanqué d’un S et d’un J de même
qu’est l’Institution Saint-Jacques.
LA DEVISE: Elle est une invocation au Saint protecteur de la maison:
« ITER NOSTRUM PARA TUTUM » ce
qui veut dire
« PREPARE-NOUS UN CHEMIN SUR » allusion au rôle de pèlerin
rempli par Saint-Jacques, plus disposé par suite à nous secourir dans notre pèlerinage
de la terre à l’éternité.
L’HERALDIQUE DU BLASON
Une branche de chêne et de laurier entourent le bas du blason, qui enseigne foi par la croix de gauche, la charité par le coeur de droite, l’espérance par l’ancre du milieu flanquée d’un S et d’un J comme l’est notre saint protecteur, par le livre ouvert qui nous offre les trésors de la science en bas à gauche et par le lion qui nous invite à l’amour de la patrie la Flandre, en bas à droite.
Le chant de Saint-Jacques
Refrain
|
On ne peut clôturer ce chapitre sans parler de la musique du collège Saint-Jacques qui eut une existence glorieuse, de sa création au printemps 1894 à sa disparition au cours de l’été 1918 pendant l’exode du collège vers Langrunes au Calvados.
Monsieur l’Abbé DENYS en fut l’initiateur passionné. Il proposa à Monsieur l’Abbé POTIER, alors préfet de discipline, de former et de présider cet ensemble musical et confia à Monsieur Léon NEERMAN, professeur de musique au collège, la mission de la diriger et de l’animer, ce qu’il accepta avec enthousiasme ; il la mena de main de maître pendant plus de 24 ans.
Monsieur l’Abbé Potier se mit sans tarder en quête de recruter des élèves musiciens volontaires afin de mettre sur pied cette harmonie, ce qui fut fait dès le printemps 1894 .
LA
MUSIQUE DU COLLÈGE EN 1894 COMPOSÉE DE 18 MUSICIENS
à gauche, Monsieur le Supérieur
l’Abbé DENYS
au centre, le Chef de musique Monsieur NEERMAN
à droite, le Président Monsieur l’Abbé POTIER
Monsieur l’Abbé DENYS était très fier de sa formation, c’est lui d’ailleurs qui semblait en être tout à la fois le président et le chef à le voir marcher en tête, tant aux défilés à travers la ville lorsque celle-ci était sollicitée par la municipalité pour participer aux manifestations importantes de l’année, qu’aux sorties relativement fréquentes, le dimanche, dans les paroisses des environs.
Il y avait également une tradition à l’époque : lorsque tout le collège partait en voiture pour une promenade exceptionnelle du trimestre, au retour de celle-ci, à l’entrée de la ville, tout le monde descendait de voiture et, musique en tête, tous les élèves vêtus de leur uniforme et en rang par deux rejoignaient le collège à pied, traversant la ville, encadrés par leurs professeurs, tel un régiment qui rejoignait ses quartiers.
Hélas la tragédie de la première guerre mondiale en marqua la fin entraînant l’abandon de cette expérience artistique et pédagogique originale .
MONSIEUR
L’ABBE COURTOIS, TROISIÈME SUPÉRIEUR (1919 - 1920)
(supérieur intérimaire)
A son retour de Langrunes, M. le Supérieur
HIDDEN fut hélas frappé d’une grave maladie, qui ne lui permettait plus
d’assumer ses fonctions de manière régulière. Mgr l’Archevêque espérant
néanmoins un prompt rétablissement de l’état de santé de M. le supérieur
Hidden, décida de nommer Supérieur intérimaire
M. l’Abbé
COURTOIS,
professeur à l’Institution et proche collaborateur de M. le Supérieur Hidden
qu’il avait suivi dans l’exode de Saint-Jacques à Langrunes.
Monsieur Joseph COURTOIS est né à
Blaringhem le 28 janvier 1872.
Ordonné prêtre à Lille le 27
mai 1899. Professeur à Lille, Ecole Sainte Jeanne-d’Arc, en 1899. Directeur
du collège de Bailleul en 1908. Supérieur de l’Institution de l’Immaculée
Conception, à Bailleul, en 1909. Le collège de Bailleul est détruit en 1916.
Professeur à Saint-Jacques en 1917, nommé supérieur intérimaire en 1919. Curé
de Socx en 1921. Curé Doyen de Wormhoudt en 1923.
SITUATION
DES EFFECTIFS PENDANT LA PÉRIODE 1900-1920
Pendant la décennie 1900-1910
les effectifs varièrent très peu par rapport à ceux de la décennie qui
venait de se terminer. Ceux-ci se situaient à une moyenne annuelle de 196 élèves
dont 112 pensionnaires.
Il n’en fut pas de même pour
la décennie 1910-1920. Les effets de la guerre amenèrent un flux considérable
d’élèves venant de Belgique, car les familles de la région d’Ypres,
jusqu’à Nieuwport fuyaient devant l’envahisseur Allemand et se réfugiaient
dans notre région flamande encore inoccupée.
Saint-Jacques étant un collège
privé ne recevant aucune aide de l’état, il pouvait donc accepter des élèves
n’ayant pas la nationalité française, sans aucune formalité administrative
étatique. Il y eut pendant les années 1915 à 1920 jusqu’à plus de 50 % de
petits Belges qui poursuivirent leurs études à Saint-Jacques comme le fait
ressortir le tableau des effectifs. M. le supérieur HIDDEN dut avoir
recours aux ateliers et cinémas avoisinants qu’il transforma en salles de
cours, la chapelle et la salle des fêtes furent transformées en dortoir.
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