HISTOIRE DE L'INSTITUTION SAINT-JACQUES
HAZEBROUCK ENTRE 1893 et 1993
d'après le livre de Roger Renou:"Une histoire centenaire"
année 1892
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1892 : ON REPARLE DU COLLÈGE:
CAMPAGNE POUR LES ELECTIONS LÉGISLATIVES DE 1893
Mais
l’approche des élections législatives de 1893 remit le feu aux poudres, et
certains candidats pensèrent alors qu’il serait bon de résumer les faits
concernant le collège communal.
Ils ont rappelé, dans le journal
local, l’Indicateur, qu’en 1890 cet établissement achevait de
dépérir comme beaucoup d’établissements universitaires de province :
au lieu du collège florissant que la ville d’Hazebrouck avait jadis connu ,
il ne restait plus qu’une ruine très onéreuse pour la ville ; chiffres à l’appui,
ils ont alors justifié auprès des lecteurs le choix d’une direction
ecclésiastique qui améliorerait la gestion et les résultats (scolaires) du
collège.
Les Républicains, par la voix de leur hebdomadaire le Journal d’Hazebrouck, ne restaient pas inactifs et annonçaient, le 2 avril 1892, la réouverture prochaine du collège communal. Cette nouvelle fit l’effet d’une bombe à Hazebrouck, à tel point qu’un Hazebrouckois écrivait une lettre à M. le directeur du journal l’Indicateur demandant que celle-ci y soit publiée intégralement :
Le commerce local a perdu beaucoup par la suppression de l’établissement qui devait faire revivre l’ancien collège communal où j’ai été élève, et que toute la ville a connu plein de vie et prospère du temps où celui-ci était dirigé par M. L’Abbé Jacques DEHAENE. Si les amis du journal d’Hazebrouck n’avaient pas été certains de voir la maison, ouverte par M. L’Abbé Denys, arriver en peu de temps à une grande prospérité , ils n’auraient pas fait l’impossible pour obtenir sa fermeture que je considère provisoire. Ils ont eu peur d’un succès qui aurait mieux fait ressortir leur impuissance. Mais patience, les Hazebrouckois, comme tous les Flamands, ont de la volonté, ils en ont vu bien d’autres, et ce n’est pas un groupe de ramollis et d’incompris qui aura le dernier mot dans une affaire qui, lorsqu’elle sera résolue au voeu de nos intérêts, assurera à la ville de nouveaux et précieux éléments de prospérité. Signé: Un Hazebrouckois |
Bien sûr la réponse ne se fit
pas attendre et un lecteur sous le pseudonyme « Le vieil Hazebrouckois » fit
paraître sa réponse dans le journal d’Hazebrouck en ces termes :
« Ceux qui ont voulu doter Hazebrouck d’un Établissement libre et prospère répondant au voeu de l’immense majorité des familles, et qui aura au lendemain de sa réouverture un grand succès dans toute notre région, ceux-là sont des cyniques, des vandales, des sycophantes , que sais-je ? C’est bien compris, et que l’Hazebrouckois accepte cette monnaie fort en vogue chez MM. Venelle... à défaut d’autres peut-être. » Signé: Un Vieil Hazebrouckois |
La réponse au Vieil Hazebrouckois ne se fit pas attendre non plus et l’Hazebrouckois
par l’intermédiaire du journal local l’Indicateur de lui
répondre :
« Nous ne demanderons
pas au Vieil Hazebrouckois de reconnaître coram populo qu’il se
trompe, ce serait trop humiliant pour le dernier cheveu blanc qui frise sur son
crâne dénudé. Nous lui conseillons seulement de rajeunir un peu ses arguments
qui sentent le vieux, presque le moisi, et , ce qui pis est , n’ont rien de
commun avec la vérité. »
Signé: Un Hazebrouckois |
La campagne électorale battait son plein et, à l’occasion du 1er mai 1892,
le journal local l’Indicateur écrivait :
On connaît depuis longtemps à Hazebrouck l’histoire du collège communal. Il nous paraît bon, à la veille des élections, de résumer les faits afin d’éviter toute équivoque. Tout le monde savait que l’ancien collège universitaire d’Hazebrouck comme celui de Cassel végétait, dans cette circonstance, comme dans toutes les autres, c’est pourquoi le conseil municipal a énergiquement revendiqué le droit de ses concitoyens et a défendu avec courage nos libertés communales. Le Maire a même été atteint par un arrêté de suspension et s’il n’a pas été révoqué au grand déplaisir de la coterie qui voudrait dominer la ville, c’est que en haut lieu on a dû reconnaître enfin que dans toute cette affaire sa conduite, au point de vue administratif, avait été d’une correction parfaite. Au lieu de mettre de la passion politique dans une aussi grave question, il aurait fallu l’envisager avec calme et on aurait compris aisément que l’université et l’État eux-mêmes n’ont aucun intérêt à maintenir des collèges qui coûtent fort cher aux contribuables et qui n’ont aucun avenir. La question n’intéressait pas seulement la ville d’Hazebrouck, bon nombre de communes environnantes ont réclamé la réouverture du collège Saint Jacques. C’est que là comme ici, on prend en considération les souhaits des familles et on sait que les jeunes, ont tout à gagner à fréquenter un établissement bien tenu où se rencontre un nombre d’élèves suffisant pour relever le niveau des études et stimuler le zèle des maîtres.
A l’heure qu’il est, chacun
pourra se prononcer sur la question en parfaite connaissance de cause. On
connaît les prétentions de l’université qui consistaient à imposer à la
ville et aux contribuables une charge de 20.000 francs pendant dix ans en
négligeant les intérêts et pour aboutir à quoi ?: à renouveler un état de
choses qui a pris fin le 31 décembre 1890 à la satisfaction de l’immense
majorité des Hazebrouckois. |
Le spectacle de la campagne électorale de la circonscription d’Hazebrouck était commenté dans toute la presse locale, et même provinciale, et la candidature de M. L’Abbé Jules Lemire, alors professeur de rhétorique au petit séminaire Saint François d’Assise, grand défenseur de l’école libre, faisait grand bruit. Un journal Parisien, «L’UNIVERS» faisant écho de cette campagne électorale écrivait :
Un prêtre qui
engendre cette noble et puissante ardeur, voilà de quoi nous réconforter. De
loin, on est enclin à croire que M. l’Abbé Lemire promenant sa soutane dans
les auberges, dans les cabarets et dans les carrefours, risque de la
déshonorer; de près, c’est juste le contraire. Il n’est pas possible d’être entouré de plus de respect. Dans certaines conférences publiques, où des adversaires avaient voulu essayer de la raillerie, tout l’auditoire a protesté d’un même mouvement. M. L’Abbé Lemire aurait pu se passer de cet appui, car s’il est homme de doctrine et de démonstration, il est prompt à la réplique. Il lui est arrivé plusieurs fois de «retourner» la foule qui l’avait accueilli avec défiance, et de voir transformés en admirateurs les gens qui avaient songé à le repousser avec l’accent de la haine. Pour compléter ses ressources, Monsieur l’Abbé Lemire a encore l’immense avantage de parler le flamand. Il aborde ainsi un public qui échapperait à tout orateur. Il n’en est pas moins un pur
français. Il a écrit plusieurs volumes dont celui consacré à «
l’Abbé Jacques DEHAENE ET LA FLANDRE », son illustre maître et à sa
patrie, un document orné d’aperçus et de détails très intéressants et à
tous points remarquables. |
LES
PRINCIPAUX ACTEURS A L’ORIGINE DE
LA FONDATION DE L’INSTITUTION
SAINT JACQUES
Si, remontant le cours des
années comme on atteint le filet d’eau de la source au pic des monts, l’on
parvenait au point de départ, à la première pensée de la fondation de l’Institution
Saint Jacques actuelle, c’est rue du Rivage à Hazebrouck qu’on se
retrouverait.
Là habitait Monsieur Auguste
DAVID, chevalier de Saint-Grégoire Le Grand, directeur de l’Indicateur.
C’était un homme clairvoyant,
un grand chrétien; il avait consacré à Dieu sa plume, son talent, son coeur.
Il comprenait l’importance d’un établissement d’enseignement secondaire
privé catholique et il fit resurgir la première image et communiquer l’enthousiasme.
Aussi, est-ce chez lui, à la
toute première aurore, près du vénéré Chanoine SALOME, doyen de Saint-Eloi,
dont on allait fêter le jubilé sacerdotal, que Monsieur l’Abbé LEMIRE
professeur de rhétorique au petit séminaire, Monsieur l’Abbé DEBEYER,
vicaire à Saint-Eloi et
Monsieur L’Abbé DENYS curé de Renescure,
décidèrent de faire les démarches et de recueillir les souscriptions
nécessaires à l’érection d’une Institution nouvelle.
A la fin du repas et avant de se quitter, ils prirent une sorte de pari « Là où le capital à échoué se dirent-ils, la charité réussira».
Et de décider de quêter pour construire le collège religieux qui manquait à la Flandre Intérieure. Encore fallait-il une occasion pour lancer la souscription. Le doyen Salomé d’Hazebrouck comptait alors 50 ans de prêtrise. Ses paroissiens voulaient lui offrir un cadeau mémorable. Quel présent serait plus digne du vénérable ecclésiastique que cet acte de foi en l’avenir : la création d’un collège ? Sitôt dit, sitôt fait, nos trois abbés prirent leur bâton de pèlerin et vinrent tirer les sonnettes. L’Abbé Lemire avait par excellence, ce qu’on appellerait aujourd’hui le sens de la communication. Et les Abbés Debeyer et Denys n’en étaient pas dépourvus.
On visita d’abord les Marguilliers. Ils furent généreux, mais c’est Mademoiselle Vankempen qui allait apporter la souscription décisive. Elle était très riche, désespérément célibataire et très pieuse. L’Abbé Lemire lui avait rendu service. Il sut trouver pour elle, les mots qui touchent le coeur des vieilles demoiselles et délient les cordons de leur bourse.
Dés le mois de septembre 1892, Monsieur l’Abbé LEMIRE alors professeur au petit séminaire , accepta la charge de quêter pour la création de ce collège libre. Ses démarches furent couronnées de succès. Il fut l’auteur principal du plan qui fut adopté et exécuté dont cette belle façade qui fit l’admiration de tous.
En toute logique le nouvel établissement eût dû s’appeler «Institution St Fidèle» puisque c’était le prénom-programme du doyen Fidèle Salomé, dont le collège célébrait en principe le jubilé. Mais l’Abbé Denys tenait à rendre hommage à son ancien maître l’Abbé Jacques Dehaene. Tel avait d’ailleurs été le nom donné à l’éphémère établissement par l’Abbé Denys dans les locaux du collège communal. Et puis l’Abbé Denys tenait à conserver le sigle de St Jacques, pour des raisons bien plus prosaïques... en raison des boutons dorés et insignes de même métal qui adornaient les uniformes et les casquettes déjà existantes...
Devant ce constat de réussite et de volonté sans égal dont Monsieur l’Abbé Lemire était l’objet, Monsieur le chanoine Salomé qui était le doyen d’Hazebrouck décida le 3 novembre 1892 avec quelques amis de créer la société anonyme 'Institution Saint- Jacques' : cette société se composait de douze personnes, son objet était l’installation, l’entretien et l’exploitation à Hazebrouck, sis rue de Saint Omer, d’un établissement d’enseignent secondaire libre qui s’appellerait «INSTITUTION SAINT- JACQUES» en souvenir et en l’honneur de l’Abbé Jacques Dehaene.
De son côté Monsieur l’Abbé Lemire, auteur des plans, fit toutes les démarches et se donna tout le mal, à tel point que M. l'Abbé Denys, futur Supérieur de l'Institution, promit à ce dernier que son portrait serait au parloir et que la reconnaissance qu'on lui témoignerait durerait autant que la maison elle-même.
CRÉATION DE LA SOCIÉTÉ ANONYME INSTITUTION SAINT JACQUES
La création de cette société
anonyme fut enregistré le cinq
novembre 1892 par Maître BOGAERT notaire
sous le feuillet N°28 C4.
Cette société comprenait douze membres:
1. Monsieur le Chanoine Fidèle Salomé doyen d’Hazebrouck
2. Monsieur l’Abbé Emile
Lobbedey, curé de la paroisse Notre Dame
3. Monsieur l’Abbé Denys,
aumônier des Dames de la Sainte Union
4. Monsieur l’Abbé Adolphe
Leleu, ancien curé
5. Monsieur l’Abbé Alphonse
Debeyer, vicaire de Saint Eloi
6. Monsieur Ernest Chanonin
propriétaire
7. Monsieur Isidore Dehaine
8. Monsieur Aimé Dehaudschoewerker,
avoué prés du tribunal d’Hazebrouck
9. Monsieur Jules Dener,
négociant
10. Monsieur Louis Dermont,
pharmacien
11. Monsieur Ernest Piel,
brasseur
12. Monsieur César Samsoen,
docteur en médecine
Tous demeurant à Hazebrouck, ont
convenu de ce qui suit:
STATUTS DE LA SOCIETE
ANONYME DE L’INSTITUTION SAINT JACQUES
ARTICLE PREMIER : ARTICLE DEUX : ARTICLE TROIS : ARTICLE QUATRE : ARTICLE SEPT : ARTICLE DIX : Acte passé à Hazebrouck en
double minute, dont elle est restée en possession chez Maître Bogaert, notaire
à hazebrouck enregistrée sous le numéro de feuillet 28 C 4 du 3 novembre
1892. |
NOVEMBRE 1892 : DÉMARRAGE DES TRAVAUX
La nouvelle société anonyme de l’institution Saint Jacques se réunissait pour sa première assemblée générale le trois novembre 1892 ; à cette occasion fut créé le bureau du conseil d’administration. Y étaient élus pour la première fois :
Monsieur le chanoine Fidèle SALOME curé doyen de la paroisse St Eloi aussitôt choisi comme directeur,
Monsieur Ernest PIEL brasseur choisi comme trésorier,
Monsieur Aimé DEHAUDSCHOEWERKER propriétaire choisi comme commissaire au compte pour un an,
Monsieur Isidore DHAINE comme membre du bureau.
En conséquence, l’assemblée
générale a déclaré à l’unanimité la société définitivement
constituée, après lecture, les comparants ont signé avec les notaires, acte
enregistré à Hazebrouck, le 5 novembre 1892 feuillet N° 28 C8 chez
Maître BOGAERT notaire à Hazebrouck.
Monsieur Georges DEGROOTE, maire de la ville, ayant pris connaissance
officiellement de la création de la société anonyme Saint-Jacques à
Hazebrouck et du but que cette société s’était fixé, en informa aussitôt
son conseil municipal dans sa réunion du 14 novembre 1893 qui à l’unanimité
décida d’accorder sur le produit de la fondation Warein, père, à Monsieur
le chanoine Salomé directeur de cette société une somme de 6.090 Francs pour
la construction du collège rue de Saint-Omer.
Grâce à la générosité de la population et à l’inlassable dévouement des promoteurs, les travaux purent commencer vers le 28 novembre 1992. La rue de Saint-Omer, devenue depuis rue de la Sous-Préfecture, était à cette époque, un chemin de campagne. L’emplacement était donc admirablement choisi: au bord de la ville, dans un panorama de champs, de jardins, de prairies. Les terrassements commencèrent sans attendre mais le début de l’hiver 1892-1893 fut d’une extrême rigueur et ceux-ci furent interrompus pour ne reprendre que le 15 Février 1893.
Monsieur l’Abbé LEMIRE
visitait chaque jour le chantier en compagnie de Monsieur DERAM, directeur des
travaux, et encourageait chaque corps de métier.
Le 27 Août 1893 Le journal local
l’Indicateur, citait l’Abbé Jules LEMIRE en ces termes :
Esprit pratique, il a construit à lui seul tout un collège qui vient de s’ouvrir à Hazebrouck, il a payé les pierres avec l’argent de ses quêtes ; il a tracé le plan de l’édifice, et lui même dirigé les maçons. Les condisciples de l’Abbé LEMIRE sont fiers de lui ; ses supérieurs l’estiment très haut. A quarante ans, il a déjà accompli des oeuvres importantes . |
N’était-ce pas là un signe d’avenir ?
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