HISTOIRE DE L'INSTITUTION SAINT-JACQUES HAZEBROUCK ENTRE 1893 et 1993 
d'après le livre de Roger Renou:"Une histoire centenaire"

année 1891
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1891- LE PREMIER ESPOIR

CRÉATION DU PREMIER COLLÈGE COMMUNAL SAINT-JACQUES
Le 8 janvier 1891

    Malgré un hiver rude et la tardiveté de la reprise des cours, le nouveau collège Saint Jacques, sous la direction de l’Abbé DENYS, vient de s’ouvrir : déjà douze pensionnaires et quarante demi-pensionnaires, et environ une centaine d’externes se sont inscrits sans compter les boursiers que la subvention aurait permis d’y faire entrer, si l’ouverture avait pu se faire dans les mêmes conditions au mois d’octobre 1890, comme la population de la ville et de la région l’avait souhaité.

    Mais, hélas, très vite, les premières embûches commencèrent. Le 10 janvier 1891, alors que la rentrée des élèves avait eu lieu deux jours plus tôt, M. le maire d’Hazebrouck recevait l’avis suivant du conseil supérieur de l’enseignement sous l’égide de M. le Ministre de l’instruction publique : 


  M. le Maire je vous avise que le conseil supérieur de l’enseignement public n’a pas approuvé le traité passé en juin 1890, aux termes duquel la ville d’Hazebrouck accordait à M. l’Abbé DENYS la jouissance gratuite des bâtiments du collège communal.

    Le conseil trouva assurément très dure la décision du ministre ; il est du reste assez difficile de comprendre que le gouvernement refuse à la ville la jouissance gratuite des bâtiments par rapport à un établissement qui coûtait auparavant de vingt à vingt cinq mille francs aux contribuables sans produire, de l’avis général, aucun résultat.

Pour régulariser cette situation à l’égard de l’Etat, le conseil municipal, à l’unanimité, décide alors de passer un bail annuel de trois cents francs avec l’Abbé DENYS en informant les citoyens d’Hazebrouck afin qu’ils soient à même de se prononcer en parfaite connaissance de cause:

Cette décision du conseil fut portée à la connaissance de M. le Ministre de l’enseignement par courrier de M. le Maire le 11 janvier 1891. Courrier qui engendra une réponse immédiate de l’autorité académique sous couvert de l’autorité préfectorale du nord dès le 14 janvier 1891, en ces termes :


« M. le Maire, en attendant qu’il soit statué définitivement, l’autorité académique, en accord avec M. le Préfet, exige la fermeture de l’établissement. Car qu’il s’agisse de la cession gratuite ou d’une location de
bâtiments communaux à un établissement libre d’enseignement secondaire, le traité entre la commune et le directeur de l’établissement et les conditions auxquelles il est passé, cet établissement n’en reste pas moins soumis à l’agrément du ministre de l’instruction publique, Conformément à la loi du 15 mars 1850 .»

Le Préfet du nord: VEL DURAND

Le 16 janvier 1891, M. le Maire d’Hazebrouck fit la réponse suivante

Monsieur le Préfet,

J’ai l’honneur de vous accuser réception de votre lettre du 14 janvier 1891, contenant la mise en demeure d’avoir à assurer la fermeture de l’établissement et l’évacuation des locaux.

Tout en réservant mon appréciation et celle du conseil municipal sur le côté juridique de votre décision, permettez-moi, Monsieur le Préfet, de vous déclarer que j’en demeure étonné lorsque je la mets en regard d’une lettre du 21 juin 1890, dans laquelle, à l’occasion du projet de la réorganisation du collège, vous m’affirmiez que vous ne vouliez pas restreindre les prérogatives du conseil municipal. Je regrette qu’à six mois de distance, et pour des raisons que je ne veux pas rechercher, votre manière de voir se soit modifiée.
M. L’Abbé DENYS; pour mettre un terme à ce conflit, quittera volontairement les locaux du collège et licenciera ses Professeurs et ses élèves. En vous avisant de ce fait, je tiens à vous assurer que dans toute cette affaire je n’ai eu d’autre préoccupation que, sans songer le moins du monde à sortir des limites de la légalité, de seulement sauvegarder les intérêts de mes concitoyens.

Le Maire: G. DEGROOTE

 

TOUT A TRÈS BIEN COMMENCE MAIS TOUT S'EST TRÈS VITE TERMINE 

LA FIN D’UN RÊVE QUI N’AURA DURE QUE 10 JOURS

Le 18 janvier 1891, soit dix jours après la rentrée des élèves et des professeurs, M. l’Abbé DENYS, chargé d’une mission toute pacifique à Hazebrouck, n’a pas voulu mêler les enfants dont il était responsable aux yeux des familles à des conflits administratifs, et déférant toutes injonctions qui lui étaient faites, a quitté le collège après avoir licencié ses Professeurs et renvoyé ses élèves dans leur famille.

Les locaux furent convertis en annexe de l’hospice et en musée, donc une nouvelle affectation du collège était de ce fait devenue impossible.
" LE PREMIER COLLÈGE SAINT JACQUES AURA VÉCU DIX JOURS " et la ville d’Hazebrouck restera sans établissement d’enseignement secondaire pendant deux ans et demi soit jusqu’au 3 octobre 1893.


MAIS CETTE AFFAIRE N’EN RESTA PAS LA

LA RÉVOCATION DU MAIRE

Dés le 19 janvier 1891, un arrêté de M. le Préfet du Nord stipulait la décision suivante :

Vu l’article 86 de la loi du 5 avril 1884

Attendu que M. G. DEGROOTE, Maire d’Hazebrouck, en mettant à la disposition de M. l’Abbé DENYS les locaux de l’ancien collège communal à l’effet d’y ouvrir un établissement d’enseignement libre, contrairement à la décision de M. le Ministre de l’Instruction Publique, rendue sur avis conforme du conseil académique et du conseil supérieur de l’Instruction Publique, et malgré la défense formelle qui lui en a été faite, a gravement manqué à ses devoirs,

Arrêtons que:

M. G. DEGROOTE sera suspendu de ses fonctions de maire de la ville d’Hazebrouck pour un mois, cela à compter de ce jour.

 

Le Préfet du Nord : VEL DURAND

Dés le 20 janvier 1891, M. DEGROOTE réunissait son conseil en conférence extraordinaire et s’adressant à ses collègues:

« Messieurs j’ai l’honneur de vous informer qu’un arrêté de M. le Préfet du Nord vient de me suspendre pour un mois de mes fonctions de Maire. Messieurs GUERMONPREZ et DEBERDT adjoints, assureront l’expédition des affaires courantes pendant cette période. »

Et M. le Maire clôtura la séance en donnant son point de vue sur cette décision 


« Ma suspension n’est qu’une incidence de l’affaire du collège. Le nouvel établissement a eu un succès trop retentissant. La municipalité avait toujours affirmé que tel serait le résultat de la réorganisation du collège.
MON TORT IMMENSE C’EST D’AVOIR EU CENT FOIS RAISON. »

    Un membre du conseil demanda alors de pouvoir faire une observation au sujet de cet arrêté. Son observation toucha la question de fond : celle relative à l’agrément de M. le Ministre que M. le préfet juge nécessaire malgré l’expiration de l’engagement décennal qui ne liait plus alors la ville à l’État en ce qui concerne le collège. Et aux droits incontestables en ce qui concerne la propriété des bâtiments.

    A ce sujet le même membre rappelle à ses collègues du conseil que toutes les questions relatives à cette affaire du collège communal ont été soumises jusqu’à présent à une commission spéciale à laquelle l’affaire serait utilement renvoyée.

Sur quoi le conseil, après avoir délibéré, donne acte à M. le Président de la commission sur la proposition faite par un des membres et renvoie l’affaire du collège à cette dite commission spéciale désignée au mois de mai 1890.

La question du collège resta ouverte ; nous ne pouvions présumer les résolutions auxquelles s’arrêterait la commission spéciale à laquelle elle était renvoyée. Tout ce que nous espérions, c’est que cette commission continuât, comme le conseil municipal, à défendre contre l’abus de la tutelle administrative les intérêts supérieurs de la ville, des contribuables et des pères de famille.

Le reste de l’année 1891 fut calme et l’on n’entendit plus parler du collège. Hélas, la ville d'Hazebrouck fut sans établissement d'enseignement secondaire, ce qui ne s'était pas produit depuis 1555 !

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